La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT

Samuel Hasselhorn

Stille Tränen • Robert Schumann

Samuel Hasselhorn
Temps de lecture
3 min.

Quelle serait LA mélodie que vous emporteriez sur une île déserte, sauveriez d’un incendie ou préserveriez de l’oubli ? Nous avons posé cette question à Samuel Hasselhorn.

Stille Tränen – Robert Schumann

Lyrics

Du bist vom Schlaf erstanden
Und wandelst durch die Au.
Da liegt ob allen Landen
Der Himmel wunderblau.

So lang du ohne Sorgen
Geschlummert schmerzenlos,
Der Himmel bis zum Morgen
Viel Tränen niedergoß.

In stillen Nächten weinet
Oft mancher aus dem Schmerz,
Und morgens dann ihr meinet,
Stets fröhlich sei sein Herz.

— Justinus Kerner


Larmes secrètes

Tu as émergé de ton sommeil,
Et te promènes de par les champs.
Là, par-dessus tout le pays
Le ciel est merveilleusement bleu.

Pendant tout le temps où sans souci,
Tu sommeillais, sans peines,
Jusqu’au matin le ciel
A versé de nombreuses larmes.

Souvent dans les nuits silencieuses,
Bien des êtres pleurent de douleur,
Et le matin suivant vous pensez
Néanmoins qu’ils ont le cœur joyeux.

— Traduction : Pierre Mathé

Samuel Hasselhorn: « J’ai tellement hâte de revoir Bruxelles pour y faire mes débuts à la Monnaie. Quelle joie de retrouver cette ville où il m’a été donné de remporter le Concours Reine Elisabeth en 2018 ! Quel bonheur, surtout, de pouvoir le faire en interprétant un répertoire qui me tient tant à cœur : les lieder ! Pour moi, le répertoire des lieder a ceci d’unique que non seulement il combine deux des plus belles formes artistiques (musique et poésie), mais il parvient à marier celles-ci pour aboutir à quelque chose qui transcende la simple somme de ses composantes. La poésie, en effet, n’a nul besoin de musique, et cette dernière peut fort bien se passer de poésie – leur union, pourtant, crée quelque chose de tellement spécial. J’attire tout particulièrement votre attention sur « Stille Tränen », air de Robert Schumann que nous interpréterons le 17 septembre prochain. Ce qui fait toute sa particularité, c’est le sens des mots : le poète Justinus Kerner y parle d’humanité, de ce lien profond qui unit les hommes. Le dernier couplet (« Souvent dans les nuits silencieuses / Bien des êtres pleurent de douleur / Et le matin suivant vous pensez / Néanmoins qu’ils ont le cœur joyeux ») nous rappelle ainsi que même si, à première vue, une personne semble se porter à merveille, cela ne signifie pas pour autant qu’elle soit heureuse, qu’elle n’éprouve ni tracas ni douleur. Véritablement s’intéresser aux autres, être à leur écoute, se montrer prévenant à leur égard – voilà autant de qualités que nous désapprenons peu à peu. Cette chanson, ce texte, peut nous faire découvrir quelque chose de fort important, d’essentiel même, pour le monde qui est le nôtre. Je vous invite à écouter un enregistrement réalisé par le pianiste Javier Arrebola et moi-même. Non pas que je pense qu’il est le meilleur, mais parce que je me réjouis de l’heureux mariage entre musique et poésie auquel nous sommes parvenus. »